Claude Cormier (1960-2023) : HOMMAGE “Au revoir mon cher Claude…”
Mon cher Claude,
Je n’ai jamais pris le temps de le faire concrètement, mais je désire t’envoyer des fleurs à travers cette missive. Non pas pour faire un jeu de mots [trop] facile avec ta profession, mais pour te remercier du fond du cœur de ton immense legs envers Montréal… ainsi que l’architecture de paysage, inévitablement.
Je me souviens comme si c’était hier de notre première entrevue. Je n’étais qu’un jeune chroniqueur inconnu qui faisait ses premières armes au Journal Métro. Tu m’as accueilli à bras ouverts, avec ta générosité légendaire, pour me décrire à quel point, toi et ton équipe, aviez bûché comme des fous pour faire naître les boules roses suspendues du Village. Un projet constamment entravé par des dédales administratifs et des bureaucrates qui coupent les ailes à de tels projets avant même qu’ils ne puissent s’envoler. Ce fut pourtant un véritable coup de génie comme il ne s’en produit qu’une fois aux dix ans dans l’espace public. J’exagère à peine.
S’en sont suivi d’autres entrevues, une émission de télé et une série web pour laquelle tu m’as généreusement ouvert la porte de ta maison pour faire découvrir au public une résidence déroutante, surprenante, ludique… Bref, un chez-toi parfaitement à ton image !
Au fil du temps, une amitié professionnelle inattendue s’est développée. Une relation si enrichissante et épanouissante lorsque vient le temps de discuter d’aménagement urbain.
De la plage du Vieux-Port jusqu’à l’anneau géant de la Place Ville-Marie, comment ne pas être admiratif de ta vision de la ville, de ton immense talent créatif qui fait de toi un des meilleurs architectes paysagistes que le Québec (et le Canada) ait connus ? Tu amènes une autre dimension à l’architecture de paysage, qui va bien au-delà d’un assemblage de végétaux. Tu génères de la poésie urbaine, tu crées de la magie dans nos quotidiens minéralisés.
Je te vois avant tout comme un artiste dont les œuvres insufflent une énergie, une « vibe », à Montréal. Tu as lui donné tant d’amour et de beauté.
J’oserais même dire qu’une parcelle de l’âme de notre métropole te revient. Sans flagornerie.
J’ai toujours été épaté par ta fougue, contagieuse à souhait. Certes, je t’ai vu découragé par les obstacles de la vie et par la bureaucratie municipale, mais rien pour t’arrêter. Tu as trouvé le courage de poursuivre, de l’énergie pour nous surprendre, projet après projet. Un exploit en soi.
Sache que je serai toujours un des plus grands défenseurs de ton legs. Tu as non seulement inspiré plus d’une génération de créatifs, mais également des gens, comme moi, qui te doivent une fière chandelle pour avoir contribué à améliorer notre quotidien…
Au nom de Montréal, mille mercis !
Amicalement,
Marc-André Carignan
Extrait de l’annonce officielle de la part de CCxA :
“L’architecte paysagiste canadien Claude Cormier, concepteur d’espaces publics innovants et ludiques, décède à 63 ans.
Son approche lyrique et « conceptualiste » de l’aménagement des espaces publics laisse une empreinte colorée et des plus originales sur les villes nord-américaines.
Claude Cormier, architecte paysagiste canadien dont la force créatrice est à l’origine de certains des espaces publics canadiens les plus aimés, les plus vibrants et les plus acclamés par la critique, est décédé le 15 septembre à Montréal, au Québec, à la suite de complications liées au syndrome de Li-Fraumeni, une maladie génétique rare caractérisée par une prédisposition à développer différents types de cancer.
Les créations joyeuses et subversives de M. Cormier allient la clarté conceptuelle à un instinct étudié pour créer des lieux qui passent l’épreuve du temps. Sa capacité à concevoir des espaces publics qui attirent un large public est le fruit de multiples qualités : audace, sincérité, discipline, leadership, sens des affaires, talent pour la résolution créative de problèmes et capacité à apporter de la lumière et du rire à tous ceux qu’il rencontre et dans moult situations.
Claude était un designer doté d’un sens aigu des affaires, d’une perspicacité proactive et d’un sens de la communication hors du commun, défiant souvent l’orthodoxie des bureaucraties municipales. Après que l’avant-projet du Berczy Park de Toronto ait proposé une fontaine imposante avec des chiens (et un chat!) grandeur nature, les représentants du client ont déclaré que les chiens n’étaient pas de l’art. L’équipe de Claude Cormier a alors élaboré une présentation convaincante de 50 pages sur le rôle des chiens dans l’art au cours des 500 dernières années, ouvrant ainsi la voie à l’un des parcs les plus appréciés de Toronto, tant par les humains que par les chiens.”
Pour lire la suite du communiqué de presse…
Ici, le message plus personnel de la part de l’équipe de CCxA avec de multiples photos de Claude à travers les années :
“C’est avec une immense tristesse que nous annonçons le décès de Claude Cormier, très cher fondateur de notre firme, survenu le 15 septembre 2023 à l’âge de 63 ans des suites d’un cancer. L’équipe CCxA offre ses pensées et tout son soutien à sa famille ainsi qu’à ses nombreux proches.
Claude était un grand visionnaire. Il nous a influencé de façon surprenante et puissante grâce à sa force créative et sa joie de vivre qu’il a su mettre au centre de nos vies. Sa créativité bouillonnante et sa présence chaleureuse lui ont permis de développer une entreprise de grande renommée en architecture de paysage et en design urbain axée sur un état d’esprit positif, généreux et une croyance indéfectible dans le pouvoir du design. Son approche créative, appliquée à la résolution de problèmes et jumelée à un processus de conception ouvert et itératif, savait nous mener hors des sentiers battus.
Au quotidien, Claude a su tout à la fois jouer les rôles de mentor, de professeur, de patron, de collègue, d’ami et de confident avec un style de leadership axé sur la compétence, l’audace, la rigueur, l’humour, l’amour et la générosité. Il fut une source d’inspiration pour plus d’une génération d’architectes paysagistes au cours de sa carrière, avec une portée locale, nationale et internationale.”
En souvenir de Claude Cormier, revoici l’épisode de “Bienvenue chez…” dans lequel il nous présente sa propre maison…
