Actualité 21.08.2010

ÉDITORIALISTE INVITÉ – Marc Labrèque – "Le piètre état de la rue Ontario"

La Promenade Ontario est probablement l’avenue commerçante la plus déprimante de Montréal…

Même si ses magnifiques arches défraîchies en annoncent le début, la Promenade reste confiner à son quartier avec ses limites claires, soit une gare de triage sous-utilisée et l’épicentre commercial et culturel de Maisonneuve, à l’est du boulevard Pie-XI. Entre elles, c’est une rue sale, déprimante et pas vraiment invitante. À son cœur, la Place Valois lutte avec beaucoup d’acharnement pour changer l’allure du quartier, mais les investisseurs et commerçants ne font pas la file pour occuper les nombreux locaux vacants, même sur la Place Valois.

Entre le centre et les extrémités, la rue n’est rien de moins que désolante. Patatrie après patatrie, multiples tavernes douteuses et magasins de cossins Made in China. Certains commerces s’en sortent mieux que d’autres. Mais la majorité en arrache et les nombreux locaux à louer, depuis bien avant la récession, donnent une impression d’abandon.

Est-ce un reflet du quartier ? Difficile d’en dire autant, car l’endroit accueille une grande fourchette de classes socio-économique différentes. Est-ce que c’est si différent de Rosemont, de Villeray, de Verdun ?

Est-ce que l’aménagement y est défaillant ? Un début de réponse se dessine. Les trottoirs sont serrés, il y a peu d’endroits pour traverser la rue (aucune traverse piétonne, peu de feux de circulation), les aménagements publics sont en très mauvais état et d’une époque révolue, aucuns supports à vélo et les conditions des trottoirs sont tout simplement dangereuses, été comme hiver. Il ne faut pas oublier la quantité phénoménale de mégots qui jonchent le pavé, hiver comme été.

Des nouveaux aménagements changeraient-ils la donne ? Oui, en partie. La Place Valois, un brillant exemple de réappropriation de l’espace résiduel, est l’une de plus belles places de Montréal. Son aménagement contemporain est convivial et offre une pause face à toute la morosité de la rue. Il me semble que l’arrondissement pourrait profiter cet exemple de rénovation urbaine pour donner un coup de pouce au reste de la rue. Trottoirs élargis, certainement. Traverses piétonnes, oui. Stationnement à vélos, encore plus. Retirer les arcades, oh que oui !

Mais avant tout, il faut un programme de rénovation urbaine et une valorisation du quartier par l’aménagement public. Premièrement, l’ensemble des bâtiments de la rue Ontario a besoin de bien plus qu’un coup de pinceau. L’architecture est disparate, les balcons tordus et chambranlants, les façades sont défraîchies. Et quelques modifications aux trottoirs aideraient les résidents et visiteurs à avoir une meilleure valorisation de leur quartier. Parce que pour que une artère commerçante ait de l’attrait et soit vibrante, il faut que ceux qui l’habitent et y travaillent en prenne soins. Sinon, la rue ne changera pas.

Lorsque l’on approche les élus de l’arrondissement sur ce sujet, on se fait répondre que des changements arrivent et que élus, fonctionnaires, commerçants et consultants travaillent depuis trois ans sur le branding de la rue. Le tout ne semble pas donner grand chose. On promet des investissements pour améliorer l’aménagement de la rue. On ne semble pas prêt à prendre des actions drastiques pour donner un coup d’envoi, ou encore faire des changements mineurs. La bouche semble plus active que les mains. Chose que je trouve particulièrement ennuyeuse pour un quartier…

Marc Labrèque, M. Arch

Marc Labrèque est titulaire d’une maîtrise en architecture (Université de Montréal) et d’un baccalauréat en sciences politiques (Université d’Ottawa) et pratique l’architecture et le design urbain. Depuis sa formation en architecture, la dimension urbaine est l’un de ses principaux champs d’intérêts, tout comme le rapport ville / architecture / politique. Il a participé à des ateliers de design urbain à Paris, Barcelone et Montréal.”

Pour visiter le site internet de l’arrondissement Mercier-Hochelaga Maisonneuve…

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