« Pétition pour la sauvegarde de l’église Notre-Dame-de-Fatima »

6 novembre 2014

Église Notre-Dame-de-Fatima. Courtoisie STGM architectes

De la part de notre collègue architecte Stéphan Langevin, associé principal chez STGM architectes:

Démolition de l’église Notre-Dame-de-Fatima

Une société qui ne sait pas sauvegarder, pire encore, qui ne sait pas reconnaître son patrimoine, disparaîtra au gré de son insouciance.

L’église de Notre-Dame de Fatima, à Jonquière, une oeuvre majeure de l’architecture et de l’ingénierie québécoise des années 1960 est menacée de démolition à court terme. Elle est l’oeuvre des architectes Léonce Desgagné et Paul-Marie Côté, qui sont principalement reconnus pour avoir implanté le modernisme dans l’architecture religieuse nord-américaine. Les églises blanches du Saguenay sont en effet un courant architectural reconnu, et qui a influencé l’architecture religieuse des années 60 et ce même au-delà de nos frontières. Paul Marie Côté, Evans St-Gelais, Fernand Tremblay et Jacques Coutu sont les principaux architectes ayant supporté ce courant avec une dizaine de réalisations, majoritairement implanté au Saguenay Lac-Saint-Jean.”

Érigée sur un plan centré, l’église de Fatima est composée de deux demi-cônes en béton peint blanc. Puits de lumière Une bande de verre coloré referme le vide créé par le décalage des deux sections. La flèche de l’église est posée sur l’extrémité de l’une d’eux. L’intérieur de l’église se présente comme un volume aux parois arrondies qui convergent vers le puits de lumière situé à l’extrémité de la forme conique. La bande de verre coloré remplie de formes géométriques aux couleurs primaires s’aligne verticalement vers le sommet du cône. Il en résulte un lieu spectaculaire qui transcende toute religiosité pour s’adresser directement au sens du visiteur, ému par l’espace et la lumière.

Depuis sa désacralisation en 2006 l’église de Fatima fait l’objet d’un règlement municipal de protection et de mise en valeur. Non chauffée l’hiver par manque de fond le bâtiment présente des signes de détérioration importante, et les coûts d’une éventuelle restauration augmentent d’année en année et est donc menacé de démolition dès le printemps prochain.

Sommes-nous prêts à perdre notre patrimoine faute de fond. Il est incompréhensible que pour quelque centaine de milliers de dollars nous acceptions que disparaisse un des témoins importants de notre histoire et de notre patrimoine bâti, et ce pendant que nous dépensons collectivement des milliards dans la construction d’un pont, d’une route ou d’un Amphithéâtre.

En France, la villa savoye, oeuvre moderniste de Le Corbusier, a complètement été abandonné après la guerre. Bâtiment mal aimé et dans un état de délabrement avancé, la villa a été sauvée in-extrémiste par les autorités. Aujourd’hui la villa fait partie du groupe select des monuments nationaux français et est protégée, entretenue et exploitée par le ministère de la culture et des communications français au même titre que la Cathédrale Notre-Dame de Paris ou l’abbaye du Mont-St-Michel.

Vous pouvez avoir un impact sur l’avenir de l’Église de Fatima, en signant la pétition en ligne jusqu’au 6 novembre prochain. Si vous vous souciez de l’avenir de notre patrimoine bâti, signez la pétition, partagez ce lien, et participez ainsi à faire de l’église de Fatima notre villa Savoye.”

[NDLR]: En date du 1er novembre, il y a 254 signataires de la pétition. La pétition est parrainée par le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault.

Pour consulter la lettre originale de Stéphan Langevin…

Pour consulter la fiche de l’église Notre-Dame-de-Fatima dans le “Répertoire du patrimoine culturel du Québec”…

Pour avoir accès à la pétition à l’attention de l’Assemblée nationale du Québec…