Actualité 21.10.2011

Urbania – La ville de la semaine – "ARVIDA"

Extrait de l’article:

LA VILLE DE LA SEMAINE: ARVIDA
Par Samuel Archibald

L’une des villes les plus belles et les plus fascinantes historiquement au Québec, qui est sur le bord d’être intronisée au patrimoine mondial de l’UNESCO (depuis environ 50 ans). Voici dix raisons pour lesquelles ça devrait être déjà fait :

1- Une ville de stars
Disons-le d’emblée, Arvida a beaucoup de talent.  Wikipédia nous apprend que les personnalités suivantes y sont nées: le joueur des Red Wings Bill Dineen, qui a été échangé trois fois au cours de sa carrière contre Bob Bailey (ça ne s’invente pas); le scientifique Thomas J. Hudson qui a contribué à la cartographie du génome humain; le compositeur Gilles Tremblay qui a été à Paris l’élève d’Olivier Messiaen; l’écrivain Hervé Bouchard que j’ai rencontré en juillet dernier au Couche-Tard avec mon père qui ne savait même pas qu’il écrivait des livres mais se rappelait qu’il était un bon petit joueur de défense; la délicieuse actrice Julie LeBreton, qui a pas dû rester là bien longtemps parce que je m’en souviendrais. Il ne faut certes pas oublier l’immortelle Louise Latraverse, dont la père a engagé mon grand-père à l’Alcan (le monde est petit, han), de même que le nouveau directeur de l’exploitation du Canadien Kevin Gilmore. Des rumeurs persistantes font naître Kevin Costner à Arvida, mais je n’y crois pas trop. Quant au Stradivarius des acteurs québécois, Rémy Girard, il est né à Jonquière mais il aurait déjà eu une ronne de journal à Arvida, avant d’être reconnu à la hauteur de son talent pour ses rôles dans Les voisins et La Florida (« Envoye dans l’litte, maudite chanceuse! — meilleure réplique ever).

2- Une ville imaginaire
Arvida est la capitale de l’aluminium. Elle a été construite en 1926 sur des plans d’urbanistes américains mandatés par le président d’Alcoa ARthur VIning DAvis (qui lui donna son nom) et financés par le milliardaire Andrew Mellon (qui passait à l’époque pour l’homme le plus riche du monde). La ville a été construite au beau milieu de nulle part, en 135 jours selon la légende. Elle a été fusionnée à Jonquière en 1975 puis refusionnée à la superville de Saguenay en 2002. Techniquement, donc, la ville n’existe plus, mais vous ne trouverez pas aujourd’hui une seule Arvidienne ou un seul Arvidien pour dire qu’elle est une fille de Jonquière ou un gars de Saguenay. Arvida existe pour toujours, parce qu’on l’a inventée.

3- Une ville née de la guerre
Durant la Seconde guerre mondiale, plus du deux tiers de l’aluminium utilisé par les alliés pour construire les fuselages d’avions étaient produits à l’usine Alcan d’Arvida. C’est aussi pendant la guerre que le boss de l’Alcan, Robert E. Powell, a essayé avec l’aide de son ami C. D. Howe, le Ministre fédéral des Munitions et Approvisionnement, d’écraser un mouvement de protestation ouvrier en accusant les grévistes de haute trahison et de sabotage en temps de guerre. Ce sont les policiers de Jonquière et de Chicoutimi qui ont sauvé les ouvriers de la pendaison en prenant leur parti devant les autorités fédérales. On dit donc que c’est en 1941 qu’Arvida fut adoptée par le Saguenay. Jusque-là, tous les aspects de la vie de la ville, des écoles à l’hôpital en passant par la mairie, étaient gérés par l’Alcan.

4- Une ville cosmopolite
Pour la construction de l’usine et de la ville, dès 1924, Alcan recrute de nombreux manœuvres étrangers dont plusieurs resteront là. Dès 1930, la population arvidienne compte bon nombre de Suédois, de Norvégiens, de Finlandais, d’Italiens, d’Espagnols, de Tchécoslovaques, de Russes et de Roumains. Sans compter les Anglais, les Irlandais et les Écossais. Cet afflux a continué après la Seconde guerre mondiale. Comme la religion était, à l’époque, un facteur plus déterminant dans la constitution des ménages que la langue, beaucoup d’employés allophones et anglophones ont marié, au fil du temps, des belles jeunesses catholiques des environs et se sont assimilés aux gens du cru. C’est la raison pour laquelle on trouve aujourd’hui au Saguenay des Steve Blackburn et des Fred Sheehy qui ne parlent pas un traître mot d’anglais, et aussi des Pettersen qui ne seraient pas capable de pointer la Norvège sur une carte muette.”

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(Source: Urbania via Nicolas Marier)