Actualité 17.09.2021

« Tracer un plan en kreyòl » | Irene Brisson raconte le processus de créolisation

Centre Canadien d’Architecture

Une maison dans sa première phase de construction, section Gran Rivyè à Leyogàn. Photographie de Irene Brisson, 2018 | © Irene Brisson

Extrait du texte d’Irene Brisson :

“« M trase [plan], men m pa trase kòm yon achitek »
(Je trace [des plans], mais je ne dessine pas comme un architecte)
—Bòs Thomas

L’écrivain et critique littéraire Édouard Glissant décrivait la créolisation comme un processus ouvert aux aboutissements non fixés, caractérisée par une dialectique entre discours oraux et écrits¹. L’architecture kreyòle, comme celle d’une maison à Leyogàn, résulte d’un processus dialectique². Dans le récit qui suit, dialogue et images sont véhiculés à travers le plan tracé à la main dans une architecture kreyòle résultant de rencontres transnationales entre personnes, technologie et médias.

Bòs Thomas est un bòsmason (entrepreneur en maçonnerie) qui a conçu la maison que l’on voit ici en construction dans la section Gran Rivyè de Leyogàn, en Ayiti (Haïti)3. À l’occasion d’une entrevue portant sur sa pratique professionnelle réalisée pour ma thèse en 2017, Bòs Thomas expliquait comment sa formation l’a préparé à lire les plans d’étage et à les trase ou les dessiner, mais il faisait une distinction avec la façon dont les architectes conçoivent les plans4. Bien qu’il n’ait pas précisé quelle pouvait bien être cette différence indicible entre un plan d’architecte et le sien, une division entre les formations en design et en métier manuel est implicite. Néanmoins, dans une culture du bâtiment presque entièrement dominée par la construction en blocs de béton, il reste que les bòsmasons jouent à bien des égards le rôle de l’architecte en pratique, si ce n’est en profession. En dehors de quelques bâtiments résidentiels haut de gamme, commerciaux ou institutionnels, la plupart des constructions en Haïti sont réalisées – et conçues – par des ingénieurs, des entrepreneurs ou des propriétaires occupants. En dessinant les plans d’étages, ils ou elles instituent une architecture kreyòle qui tisse ensemble des influences distribuées et diverses.”

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Source : Centre Canadien d’Architecture