“Extrait de l’éditorial: “Le musée qui voulait manger la ville”
Par Nicholas Roquet
Lancé en avril 2013 par la Ville de Québec, ce concours ouvert en une étape, d’un type nouveau, promettait d’être un événement exceptionnel par au moins trois aspects. Plutôt que de concevoir un projet architectural circonscrit, il proposait aux concurrents de poser un regard prospectif sur l’espace public urbain (une problématique rarement abordée au Québec dans le cadre de concours). De plus, il s’adressait non seulement aux architectes, mais à tous les praticiens oeuvrant dans le champ élargi du design – incluant urbanistes, architectes paysagistes, designers urbains ou industriels et artistes plasticiens (ces derniers, dans la mesure où ils intégraient une équipe professionnelle). Enfin, comme le concours ne menait pas nécessairement à une commande, il offrait aux lauréats une rémunération et une diffusion généreuses en rapport au travail demandé.
Comment se fait-il alors qu’un concours en apparence aussi ambitieux génère des résultats aussi maigres ? La déception commence avec la liste des concurrents, qui frappe par l’absence des principaux représentants de la nouvelle architecture de paysage québécoise. Où sont par exemple les Claude Cormier, VLAN, NIP ou BEAU ? Et où les jeunes agences d’architecture comme In Situ, qui ont déjà démontré leur aisance à transgresser les limites disciplinaires au profit d’un travail plus global sur le sens des lieux ? La déception se poursuit à l’examen des projets soumis, qui, malgré le talent et l’imagination déployés par plusieurs concurrents, ne réussissent pas à se libérer du carcan qui leur est imposé dès le départ. Car s’il y a un vice fondamental dans ce concours, c’est son objectif même : soit de ramener la ville telle qu’elle est vécue ou désirée par ses citoyens à une identité graphique facile à décoder et consommer.”