Extrait de l’éditorial de l’Esquisses de Février-Mars 2009 de l’Ordre des architectes du Québec:
“« Briller parmi les meilleurs. » C’est au nom de la politique ainsi intitulée que le gouvernement du Québec a décidé de privilégier, en 2004, les partenariats public-privé (PPP) comme mode de construction de ses infrastructures. Plus de quatre ans après, même si l’ampleur espérée par ses partisans n’est pas au rendez-vous, la machine est lancée et personne ne peut plus l’arrêter, semble-t-il. Rendez-vous dans 35 ans pour le bilan !
Rien ne nous empêche, en attendant, d’étudier les indices dont nous disposons pour évaluer les premières mises en oeuvre. En matière d’architecture, en quoi les PPP nous permettront-ils, en tant que société, de nous placer parmi les meilleurs ? Disons-le tout de suite, les professionnels – même ceux qui ne voient pas d’inconvénient à essayer la méthode – n’en perçoivent pas les avantages. Si les PPP peuvent paraître adéquats pour des projets dans lesquels le geste architectural est minime, telles les autoroutes, ils ne sont pas forcément une bonne idée quand il faut construire des bâtiments. Les exigences de qualité architecturale semblent en effet avoir été oubliées dans la formule. Certes, bâtir n’est pas une question de procédure; ce n’est pas une raison pour escamoter certaines étapes en fonction du respect des échéanciers et des coûts. On a pourtant l’impression que c’est ce qui se passe. Même si – et c’est l’ironie de la chose – les délais s’allongent et les budgets augmentent aussi dans les projets en PPP. Particulièrement en période de crise.
À ce stade, il s’agit donc de limiter les dégâts, soit de gérer le risque et de faire en sorte que les pratiques soient adaptées. Comment ? D’abord, en revenant à des projets de moindre taille pour se donner le temps d’apprendre. Ensuite, en permettant aux professionnels, architectes et ingénieurs, de travailler dans les meilleures conditions, que ce soit en termes de rémunération ou de dialogue avec le donneur d’ouvrage. Les professionnels sont les garants d’une conception satisfaisante et d’un contrôle adéquat permettant la qualité au bout du processus. Les firmes québécoises d’architecture – grandes et petites – doivent pouvoir participer à ces chantiers. Tous ces aspects sont reliés.”
(Source: Pierre Frisko, Responsable des communications, Ordre des architectes du Québec)