Kollectif a collaboré avec La Biosphère, Musée de l’environnement pour sa dernière exposition permanente, MTL+, qui met en scène les projets de 14 groupes d’architectes montréalais. Chacun réinvente une vaste infrastructure de la ville dans une exposition qui est un rare hommage à l’architecture et à l’urbanisme dans un musée dédié aux questions environnementales.
Le musée a demandé aux architectes d’imaginer à quoi ressemblerait la ville dans 50 ans. Plus précisément, on leur a demandé de choisir des infrastructures qui seraient devenues vétustes en 2067. Certains s’aventurent dans des propositions philosophiques, d’autres dans des propositions très techniques et ceci donne un panorama de ce qui constitue la réflexion architecturale d’aujourd’hui.
En accompagnement à l’exposition, Kollectif a réalisé 14 vidéos qui permettent de mettre un visage sur les architectes derrière ces 14 projets. Ces vidéos sont notamment présentées en français et en anglais dans une borne interactive à même la salle d’exposition de la Biosphère.
Dans une vidéo introductive, l’architecte Philippe Lupien présente le concept de MTL+ :
L’appel à idées lancé par le musée s’inscrit dans une démarche d’innovation des plus flexibles et interdisciplinaires possible. Le musée a demandé aux firmes invitées de collaborer avec des experts d’horizons différents dans l’objectif était de stimuler l’imagination et de libérer la créativité afin de faire naître de nouveaux grands projets urbains. En organisant cette exposition, la Biosphère souhaitait que les visiteurs retournent chez eux en ayant l’impression que la société est capable — ne serait-ce que par son pouvoir de projection dans l’avenir et de formulation d’idéaux — de prévoir des milieux de vie plus écoresponsables.
L’institution invite au dialogue entre science, culture et environnement depuis 25 ans. Au cours des années, le génie humain et la cohabitation avec l’environnement naturel sont l’essence même de toutes les activités de la Biosphère. L’exposition « MTL+ », en rendant hommage aux architectes visionnaires qui nous aideront à bâtir l’avenir, fait aussi un clin d’œil à R. B. Fuller, concepteur de la Biosphère et l’un des pères de la pensée environnementale contemporaine. Ce qui rassemble les projets « MTL+ », c’est l’espoir qu’ils inspirent un avenir meilleur basé sur le respect de l’environnement.
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David Giraldeau
PARA-SOL
Promenade fluviale sur la voie maritime
13 km d’aménagements axés sur la santé, le plein air et la contemplation
En 2067, la population de la région montréalaise est si sérieuse et les besoins pour de nouveaux espaces publics si grands que le site s’est entièrement renouvelé. Les Montréalais peuvent dorénavant se détendre sur les rives du fleuve, où le plan d’eau est à son plus large. En collaboration avec l’entrepreneur Felix-Antoine Joli-Coeur, Para-Sol propose une requalification de la bande de terre localisée le long de la voie maritime entre le pont Victoria et l’écluse de Sainte-Catherine. La firme suggère un ruban terrestre de 13 km d’installations axées sur la santé, le plein air et la contemplation. Les citoyens et résidents de l’endroit accèdent au site rapidement et sans voiture et la digue est aménagée à la manière des promenades de bord de mer.
Juliette Patterson
CATALYSE URBAINE
Grenouilles et graminées
Station d’épuration pour le Montréal de demain
Dans 50 ans, les eaux usées ne sont plus acheminées vers l’actuelle centrale d’épuration des eaux de Montréal. Elles sont nettoyées grâce à d’immenses marais filtrants. Ces eaux sont acheminées par gravité au point bas de la ville et proviennent du centre-ville et du quartier Pointe-Saint-Charles. Les marais d’épuration sont situés entre les ponts Champlain et Victoria. Ces bassins végétalisés y nettoient les eaux usées par l’action combinée des plantes, du vent et du soleil. L’autoroute, qui empêchait l’accès à la rive, est remplacée par une grande promenade riveraine. Un nouveau quartier s’articule autour d’une promenade verte centrale favorable à la biodiversité.
Réalisé en collaboration avec Claire Merckaert, ingénieure.
Gavin Affleck
AFFLECK DE LA RIVA
Mens sana in corpore sano
Parc de métaconsience au centre du fleuve
Dans ce scénario franchement utopiste réalisé en collaboration avec le géologue Michel Jébrak, un nouveau parc a pris forme. Il offre un lieu de ressourcement et de partage où l’énergie vitale de l’eau alimente le corps et l’esprit. Le Montréal de 2067 est sain physiquement et mentalement. La proposition repose sur l’hypothèse selon laquelle le 22e siècle est marqué par une découverte qui révolutionne notre compréhension du monde : la métaconscience et son développement et transmission dans l’eau. Un esprit sain dans un… fleuve sain !
Guillaume Éthier
(pour)
ARCHITECTURE MICROCLIMAT
L’échangeur
Espace de déconnexion attaché à une station de métro
Pour Architecture Microclimat, la pause n’est pas un luxe, mais une obligation de santé publique ! Les autorités fournissent des occasions de déconnexion numérique aux citoyens. Tant mieux, car en 2067, la technologie a conquis l’espace urbain et les citadins sont suivis dans chacun de leurs gestes au quotidien par les multiples systèmes d’une métropole hyperconnectée qui ne leur laisse aucun répit. Ceci prend la forme de lieux où les individus peuvent se recentrer ou échanger entre eux en toute simplicité, sans interfaces numériques et sans avalanches de données.
Hubert Pelletier
PELLETIER DE FONTENAY
Zones naturelles d’exclusion humaine (ZNEH)
Nouvel espace réservé à la nature au cœur de la ville
Dans un monde imaginaire, Pelletier de Fontenay et le biologiste Mathieu Madison imaginent que des critères de sélection ont permis aux urbanistes (dès 2022 !) de cerner les territoires idéaux pour établir de véritables forêts urbaines au cœur de la métropole. Les terrains choisis étaient mal aménagés, trop asphaltés ou mal gazonnés. Il s’agissait aussi de lieux dont la vocation était vouée à disparaître ou qui n’offraient plus de valeur sociale. Le cas des centres commerciaux vient tout de suite à l’esprit. Ceux-ci sont disparus depuis l’apparition de nouveaux modes de consommation (on est en 2067, rappelez-vous) ! On met donc de l’avant le concept très critiqué de « Zones naturelles d’exclusion humaine » ou « ZNHE ».
Randy Cohen
ATELIER BIG CITY
Montréal est une merveilleuse promenade
Espace de mobilité où il fait bon vivre
En collaboration avec l’entrepreneur montréalais Alexandre Taillefer, Big City réinvente un lieu de passage très fréquenté à Montréal et imagine un espace de mobilité où il fait bon vivre. L’infrastructure routière peu conviviale qu’est la rue Berri entre les rues Ontario et Cherrier n’est plus la même en 2067. L’artère avait d’abord été pensée pour le passage des voitures entre le centre-ville et le quartier du Plateau Mont‑Royal, mais, dans le Montréal de demain, une nouvelle place, sur la rue Cherrier, domine cette zone et embellit le parcours menant du carré Saint-Louis au parc Lafontaine — deux lieux toujours très fréquentés par les Montréalais.
Peter Soland
CIVILITI
Libérer la rue
Réinvention à grande échelle de rues et de ruelles
Peter Soland explique comment son équipe a été amenée à requalifier la « trame urbaine » à grande échelle : les rues et ruelles du Plateau-Mont-Royal. Essentiellement, c’est une opération de déminéralisation qui a été effectuée. C’est dans ce contexte que la rue devient, peu à peu, un véritable milieu de vie pour les citoyens. Si des corridors minimaux ont été maintenus pour les véhicules d’urgence, le bitume a graduellement fait place à des boisés, à des prés, et même à des milieux humides.
Réalisé en collaboration avec Carmela Cucuzzella, professeur en design.
Georges Adamczyk
(pour)
STUDIO JEAN VERVILLE
Prochaine station
Requalification du territoire ferroviaire entre deux quartiers limitrophes
L’équipe de Studio Jean Verville voit à la requalification du territoire ferroviaire entre deux quartiers limitrophes. Un long tracé de chemin de fer impose une infranchissable frontière entre deux communautés qui ont pourtant tout à partager. La mise en place d’un train suspendu à sustentation magnétique permet de fusionner les deux quartiers. L’utilisation du couloir aérien permet non seulement de conserver cette importante artère de flux de marchandises, mais aussi d’activer une nouvelle ligne de transport de passagers.
Réalisé en collaboration avec la géographe Nathalie Molines.
Albert Mondor
CONSORTIUM VERT L’AVENIR
Métropoligne 40
Grands potagers et vergers sur une autoroute urbaine
Albert Mondor explique pourquoi son équipe en est venue à proposer une requalification complète de la portion de l’autoroute transcanadienne entre les boulevards Saint-Laurent et Pie-IX. Le lieu devient vergers et potagers géants sur une autoroute urbaine futuriste. Pour recréer ce grand jardin, en plus de végétaux nectarifères attirant les insectes pollinisateurs, diverses plantes légumières et fruitières sont massivement cultivées. Un marché public où sont vendues les denrées comestibles produites localement est ouvert à l’année.
Réalisé en collaboration avec l’horticulteur Bertrand Dumont.
Antonio Di Bacco
ATELIER BARDA
Figure-fond
Interprétation de la carrière Francon
L’équipe a travaillé avec un philosophe allemand, Rafael Ziegler. Celui-ci décrit le projet avec lyrisme : « Chérissez l’eau ; ses flots vous entraîneront dans une ancienne friche industrielle, où le roc offre tranquillité et régénération. » Atelier Barda réinterprète la carrière Francon. En 2067, des bassins filtrent les eaux usées de ce secteur de la ville. Leur circuit de purification, visible et accessible, offre aux citoyens des plans d’eaux qui favorisent la détente et les loisirs, y compris la baignade. L’eau est filtrée à travers une succession de plateaux. Des zones de sédimentation, de filtration et de lagunage remplacent le système de gestion des eaux usées.
Pierre-Yves Diehl
COLLECTIF ESCARGO
Le laboratoire des lucioles
Réintroduction de la vie sur un site industriel
Le « laboratoire des lucioles » est la réinvention complète des raffineries de l’est (Pointe-aux-Trembles sur l’ile de Montréal). L’objectif: y réintroduire la vie. En collaboration avec la géographe Taika Baillargeon, Collectif Escargo propose un parc de 21 km2 qui devient en 2067 un immense laboratoire sur la biolumiscence et qui comporte aussi des espaces culturels. Comme le pétrole n’est presque plus utilisé en 2067, l’immense complexe pétrochimique a été délaissé. Et le réaménagement du territoire s’est fait dans le respect de ce patrimoine industriel où s’enchevêtrent des milliers de kilomètres de pompes et d’oléoducs.
Gil Hardy
NÓS
Espaces de liberté
Requalification de berges industrielles au profit du mouvement de l’eau
En collaboration avec l’hydroclimatologue Philippe Gachon, NÓS repense les berges industrielles du port de Montréal au profit du mouvement de l’eau, de la biodiversité et du bien-être de la population. Le secteur n’est presque plus industriel. L’équipe a travaillé avec l’hydroclimatologue Philippe Gachon qui explique que : « l’introduction d’espaces de liberté dans la planification urbaine favorise la résilience des infrastructures tout en créant de nouveaux milieux de vie. » Le site, jadis occupé par le port de Montréal, est largement inaccessible au public en 2019. Or, dans le scénario futuriste de NÓS, la métropole entretient un tout nouveau rapport avec le fleuve en 2067…
Philippe Lupien
LUPIEN + MATTEAU
Un musée, des environnements
Nouveau complexe muséal autour de la Biosphère
Lupien + Matteau conçoit un nouveau complexe muséal autour de la Biosphère, l’unique musée consacré entièrement aux liens entre société et environnement en Amérique du Nord. Alors que le musée actuel concentre ses activités dans un espace restreint — sous le dôme géodésique conçu pour le pavillon des États-Unis de l’Exposition universelle de 1967 —, sa réinvention pour 2067 par l’équipe réunie par Philippe Lupien greffe plusieurs sites voisins au complexe actuel. Dans 50 ans, le musée est pluriel et décloisonné. Il s’intègre à son milieu immédiat : parcs, berges, édifices et ponts.
Thomas Balaban
T B A
Meilleur avant 01/10/2070
Un centre de production alimentaire greffé à un échangeur autoroutier
En banlieue sud de l’île de Montréal, inséré dans un terrain vague de l’échangeur autoroutier 10-30, le site proposé par T B A devient un lieu de socialisation et de production alimentaire. Thomas Balaban décrit le tout comme un « Nœud productif habitable ». Pour éliminer la dépendance à une agriculture industrialisée et polluante, T B A, en collaboration avec l’urbaniste Dominic Bouchard, installent des infrastructures de production alimentaire locales, là où l’on trouvait des échangeurs autoroutiers.
REVUE DE PRESSE :
- CANADIAN ARCHITECT MAGAZINE [10 septembre 2020] : 14 Montreal architects imagine the city’s future
- AZURE MAGAZINE [24 septembre 2020] : MTL+: Biosphere Architecture Exhibition Imagines the Montreal of 2067
- RADIO-CANADA – LE 15-18 [8 octobre 2020] : Visions de Montréal en 2067, l’urbanisme du futur : Entrevue avec M.-A. Carignan