Actualité 18.06.2015

L’amphithéâtre de Québec est-il beau?

Deux sujets ont particulièrement retenu l’attention cette semaine.

Le premier: le décès de l’ex-maire Jean Doré, le père du Bureau de consultation de Montréal (précurseur de l’OCPM), du premier plan d’urbanisme de Montréal et de la période de questions à l’hôtel de ville.

Le second: le fameux amphithéâtre de Québec, qui bouclera finalement son budget de construction 30 M$ sous la barre des 400 M$ prévus initialement. Le maire de Québec, Régis Labeaume, a fait le tour des tribunes médiatiques en province pour s’en péter les bretelles… avec raison! On ne voit pas ça tous les jours, au Québec, un projet d’une aussi grande envergure se terminer dans le respect des échéanciers, sans épuiser tout le budget disponible.

Mais pendant que Labeaume célébrait ce petit exploit, les discussions autour de l’amphithéâtre ont soudainement convergé vers un autre sujet de nature architecturale: l’amphithéâtre est-il beau?

Plusieurs internautes ont débattu de la question sur les réseaux sociaux. TVA Nouvelles en a fait sa question du jour. Même le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a dû répondre à cette question. Sa réponse: «Tout est relatif».

En voyant ce débat se dessiner à l’horizon, ma première réaction a été de dire: «Good, on parle d’architecture dans les médias!». Avec un peu de recul, par contre, je réalise que le débat ne lève pas très haut. Certains comparent l’amphithéâtre au Colossus de Laval; D’autres à un détecteur de fumée.

 

Source: Ville de Québec / Équipe intégrée SAGP

 

Personnellement, je le trouve bien cet amphithéâtre. Pas exceptionnel, mais bien. Son architecture est sobre, sans être ennuyeuse. Ses courbes sont élégantes et ses références conceptuelles à notre climat nordique me plaisent bien. On est peut-être loin de la qualité du Barclays Center de Brooklyn, mais ce projet québécois est fort respectable.

 

Barclays Center, Brooklyn / SHoP Architects

 

D’ailleurs, je trouve dommage que l’architecture de l’édifice n’ait été réduite qu’à une question esthétique. Beau ou pas beau? La qualité d’un bâtiment doit prendre en compte de nombreux éléments, dont son intégration dans le paysage urbain, la qualité des espaces intérieurs [bien réfléchis ou pas pour ses occupants?], son concept, ses innovations [s’il y a], etc.

Sans oublier que le succès d’un édifice dépend largement de son utilisation et de l’appréciation de ses occupants. Dans ce cas-ci, y’avait-il un réel besoin pour un tel amphithéâtre à Québec? S’il reste vide 250 jours par année sur 365, sans équipe de la LNH…

Dernier élément crucial sur lequel on devrait tous débattre collectivement: pourquoi ne pas avoir fait de concours d’architecture?

Pourquoi le gouvernement du Québec exige-t-il des concours pour le secteur culturel (bibliothèques, musées, salles de spectacles) afin de favoriser l’innovation et la qualité architecturale, mais qu’on ne le fait toujours pas pour nos hôpitaux, centres sportifs, pavillons universitaires et autres?

Le concours n’est peut-être pas une formule magique, mais il favorise la transparence, la créativité et l’innovation. Il ne s’applique pas non plus à l’ensemble de la commande publique, mais dans ce cas-ci, pour 400 M$, on aurait dû ouvrir la commande à l’ensemble de la communauté architecturale québécoise (et peut-être même canadienne pour “challenger” nos concepteurs en province).

Le vrai débat, pour moi, il est là!