Image du mois – Janvier 2010 – “La Maison noire” par Pierre Thibault architecte
La maison noire
Architecte : Pierre Thibault
Entrepreneur : Construction Réjean Désilets.
Propriétaires : Lucie Lavigne et Marco Deblois
Superficie habitable : 2200 pieds carrés (rez-de-chaussée et étage)
Atelier : 625 pieds carrés
Sous-sol aménagé.
Consultants pour l’aménagement intérieur : Christian Bélanger, designer d’intérieur, Louis Joseph Papineau, architecte, et Laurent McComber, architecte.
Photos fournies par Bernard Brault, La Presse (issues du site Cyberpresse.ca)
Marco et moi avions rendez-vous avec Pierre Thibault au Cluny ArtBar, à midi. C’était en février 2007. Nous étions sur le point d’acheter notre terrain de rêve déniché à Saint-Placide, une petite municipalité des Laurentides (1646 âmes) à proximité d’Oka. Le prix de cette parcelle de terre située en bordure du lac des Deux-Montagnes était acceptable en raison de ce qu’on avait vu (depuis un an!) en visitant systématiquement tout ce qui était à vendre sur les rives du lac de Deux-Montagnes, du lac Saint-Louis, de la rivière des Prairies et de la rivière des Mille-Îles.
Depuis au moins deux ans, nous épluchions les magazines d’architecture, dont Dwell, notre préféré. Devant une salade, un sandwich et notre album rempli de photos, nous avons confié à Pierre Thibault que notre budget était limité et que nous n’avions aucune expérience en construction.
« Par contre, répétions-nous, nous sommes prêts à trimer dur pour arriver à nos fins. »
L’architecte a accepté de nous faire une place dans son horaire chargé. Marco et moi avons quitté le resto, emballés. Dans la voiture, nous nous sommes regardés en souriant… L’aventure était sur le point de commencer!
Les débuts
Printemps 2008. Les plans sont prêts. Cette étape nous est apparue interminable. Toutefois, nous saisissons aujourd’hui toute son importance. Prendre son temps, dans l’esprit d’une architecture «lente », nous a permis de mieux préparer notre projet.
17 avril. Nous entamons l’excavation et embauchons Réjean Désilets, un entrepreneur habitué à construire des maisons de Pierre Thibault. Avec son accord, nous gérons le chantier. En clair, nous engageons les sous-traitants, établissons l’échéancier, coordonnons le travail des différents intervenants et… nettoyons le chantier en fin de journée. En parallèle, nous passons des centaines d’heures sur internet et au téléphone afin de nous informer sur les matériaux et les équipements à commander.
Heureusement, Pierre, armé de son BlackBerry, et Réjean, dans sa roulotte garée sur notre terrain, ont toujours su nous guider lors d’imprévus ou de difficultés.
Dès que nous hésitions, hop, nous faisions valider nos décisions.
De plus, Marco, doué pour la modélisation informatique, créait rapidement avec le logiciel Sketchup des images 3D de toutes les pièces de la maison, ainsi que du mobilier intégré à construire.
Fascination pour le noir
Au commencement, le parement extérieur devait être en bois de couleur naturelle. Mais la découverte de maisons ancestrales noires lors d’un voyage en Islande m’avait envoutée… Au moment de choisir la couleur du lambris de bois préteint en usine, Marco et moi avons alors osé le noir opaque. « Qu’est-ce que Pierre pensera de notre choix? » s’était-on demandé. « J’adore l’idée! » nous avait répondu Pierre qui, du même coup, nous avait appris qu’au Japon, l’une des méthodes primitives de construction consistait à calciner des planches de cèdre. Ainsi, elles devenaient noires et, surtout, étanches et résistantes à la pourriture.
La fin des travaux
30 septembre 2009. Nous terminons enfin les travaux de finition. Depuis, nous profitons pleinement de notre habitat aux espaces de qualité. Les pièces de la maison sont agréables – ni trop grandes ni trop petites – hyper ergonomiques et, surtout, lumineuses. Parmi ces pièces où il fait bon vivre, il y a certainement la véranda à moustiquaires. Cette pièce intégrée dans toutes les propriétés de Pierre Thibault est la favorite de la famille.
Pour ce qui est de l’aménagement intérieur farouchement minimaliste – tout blanc, sans décoration-, il rehausse la seule œuvre d’art de la maison, la lumière naturelle.
Enfin, la façade sud, qui est généreusement fenêtrée, met en valeur la végétation et le lac des Deux-Montagnes. Comme le disait Philip Johnson à propos de sa Glass House, nous nous sommes offerts un papier peint coûteux! De fait, la fenestration constitue le « luxe » de l’habitation.
Diminution des coûts
Au total, nous avons investi des milliers d’heures dans le projet, ce qui nous a permis d’abaisser les coûts de construction d’environ 20%.
Toutefois, nous pensions qu’en optant pour un style minimaliste, un langage architectural que nous privilégions, et en choisissant des matériaux modestes, nous pouvions économiser. De fait, nous avons vite réalisé que l’extrême simplicité exige une très grande minutie, donc plus de temps de la part des ouvriers… donc plus d’argent!
Rez-de-chaussée
Discrète, la porte d’entrée vitrée donne – dans le même axe – sur une porte vitrée située, elle, à l’autre extrémité de la propriété. Un long banc en noyer cendré a été aménagé ainsi qu’une penderie. Il y a aussi un cabinet de toilette et une chambre «froide» climatisée faisant aussi office de cellier.
Vient ensuite l’escalier central, à pente douce. Les marches ainsi que la persienne sont en noyer cendré. Les paliers sont constitués de caillebotis blancs mats sur lesquels ont été déposé des plaques de verre extra-clair.
Ce volume file du sous-sol jusqu’à l’étage supérieur et est baigné de lumière naturelle, le jour, et artificielle, le soir.
D’une hauteur de 13 pieds, le salon est rythmé par des fenêtres en bandeau filant sur trois façades, celles du sud, de l’ouest et du nord. La course du soleil peut donc être « admirée » par les occupants.
La cuisine comporte un vaste îlot et les électroménagers sont pour la plupart camouflés derrière du stratifié blanc ultra brillant. Le long du mur nord se trouve un comptoir de service sur lequel sont regroupés tous les petits électroménagers. Des portes coulissantes permettent de camoufler le fouillis lors de l’arrivée impromptue de visiteurs. Dans le salon, un foyer au gaz a été aménagé.
La suite des parents
La propriété se compose d’un long volume surhaussé d’un étage destiné aux parents. Ce niveau comprend la chambre principale, un espace de rangement (penderie pour monsieur, penderie pour madame), une salle de bains avec douche/hammam, un cabinet de toilette fermé et un bureau pourvu d’un puits de lumière en longueur à la jonction du mur extérieur et du plafond. Toutes ces pièces en enfilade se ferment et s’ouvrent à volonté grâce à des portes coulissantes escamotables. En prime, une terrasse est accessible par la chambre principale et permet l’aménagement d’un jardin en pots, l’été.
Le sous-sol des ados
Les chambres des deux adolescentes se situent au sous-sol et sont séparées par une salle de bains commune. Des portes coulissantes escamotables leur permettent d’y accéder directement.
L’appentis
À l’extrémité ouest de la maison se trouve l’atelier (pouvant être transformé en studio) servant aux menus travaux de Marco et au rangement. Cet appentis est rattaché au bâtiment principal par une terrasse ainsi qu’une pergola. Cet aménagement permet non seulement d’amplifier l’horizontalité de l’ensemble, mais de cadrer le paysage.
Intimité
Toutes les ouvertures ont été configurées de manière à ne jamais être vus par le voisinage. Surtout, elles donnent uniquement sur des points de vue attrayants (végétation, lac, ciel, nuages…).
Caractéristiques de développement durable:
- Du bois local a été privilégié pour le revêtement extérieur (épinette-sapin) et toutes les terrasses (cèdre blanc de l’Est du Canada). Les marches extérieures et les poutres de la pergola sont en pruche du Canada.
- Le mur nord, pratiquement aveugle, possède une isolation supérieure.
- Toutes les fenêtres sont à haut rendement énergétique et composées d’un double vitrage avec pellicule low e et gaz argon.
- L’été, un débord de toiture fait office de brise-soleil, ce qui permet de garder l’intérieur frais.
- Le béton et la céramique du plancher radiant (à l’eau chaude) créent une masse thermique capable d’emmagasiner la chaleur du soleil en hiver. Cette chaleur est par la suite redistribuée.
- Une laine isolante de roche a été privilégiée.
- Un récupérateur de chaleur des eaux usées (Power-Pipe) a été installé.
- Une climatisation naturelle est obtenue grâce à un bon positionnement des fenêtres ouvrantes.
- Une peinture à faible émission de COV a été appliquée.
- Une isolation supérieure du toit a été réalisée avec de la mousse de polyuréthane giclé à base de d’huiles végétales dites renouvelables et de plastique recyclé.
Pour voir les photos durant la construction…
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(Source: Lucie Lavigne, MonToit.ca, Cyberpresse.ca)