Actualité 09.05.2015

Expo universelle de Milan: 3 coups de cœur… et 3 coups de gueule!

Comme je le mentionnais récemment dans ma chronique du Journal Métro, je rêvais depuis longtemps d’assister à une Exposition universelle. À force d’entendre parler de l’Expo 67 et de son impact sur Montréal (la construction du métro, par exemple), j’avais fini par développer une certaine forme de jalousie envers les baby-boomers de mon entourage qui ont eu la chance d’assister à cette grand-messe internationale.

Eh bien, cette époque est maintenant chose du passé! Je viens de vivre ma première Expo universelle, celle de Milan, qui a officiellement ouvert ses portes vendredi dernier.

Mes attentes étaient élevées face à cet événement étant donné le prestige qui entoure ces Expos. Depuis leur début, en 1851 à Londres, elles ont toujours été des terreaux extrêmement fertiles pour démontrer la créativité d’un peuple, et surtout, son avant-gardisme. Avec leur pavillon, les pays participants tentent de se présenter sous leur meilleur jour avec des structures architecturales innovantes, inspirées par leur identité culturelle et par la thématique de l’événement. De plus, ces Expos ont souvent été des vitrines prisées pour présenter de grandes avancées scientifiques, technologiques et gastronomiques. Je n’en espérais pas moins pour l’Expo de Milan.

Après plus de 25 heures à explorer le site d’un bout à l’autre, je dois finalement avouer que le défi a été brillamment relevé par plusieurs pays, qui ont su marquer notre imaginaire avec des pavillons remarquables.

Quelques caractéristiques communes de ces pavillons:

1- L’agriculture urbaine se trouvait au cœur des réalisations étant donné la thématique de l’Expo qui portait sur les défis alimentaires des villes de demain.

2- Les structures devaient rencontrer de nombreux critères en matière d’efficacité énergétique (ventilation, gestion des eaux, production d’énergie, etc.) et devaient surtout être démontables à la fin de l’Expo. La déconstruction devait l’emporter sur la démolition afin de favoriser la réutilisation des pavillons (du moins, leurs matériaux) dans leur pays d’origine.

Débutons par trois coups de cœur:

 

L’Allemagne:

Schmidhuber + Milla & Partner / Photo: Marc-André Carignan

 

L’Allemagne est un des pays qui a le mieux répondu à la « commande » des organisateurs de l’Expo, tant par l’ingéniosité de son exposition intérieure que par son architecture avant-gardiste. Le meilleur exemple est celui des panneaux solaires flexibles sur le dessus de la structure, une technologie baptisée Organic photovoltaic, qui permet plus de flexibilité dans la forme et l’esthétisme des panneaux que les technologies solaires traditionnelles.

 

Photo: Marc-André Carignan

 

Ces derniers alimentent une partie de l’éclairage de la structure, alors que la température ambiante est entièrement contrôlée par la ventilation naturelle (contrairement à d’autres pavillons climatisés).

 

La France:

X-TU + ALN Atelien Architecture + Studio Adeline Rispal / Photo: Marc-André Carignan

 

Le pavillon français se démarque définitivement de l’Expo avec sa superbe architecture de bois, provenant de la région du Jura. Les ondulations de l’espace intérieur ont été calquées sur les paysages montagneux du pays, alors que la scénographie a été inspirée par les marchés publics locaux.

 

X-TU + ALN Atelien Architecture + Studio Adeline Rispal / Photo: Marc-André Carignan

 

Chaque pièce de bois est unique et a été taillée sur mesure grâce à un logiciel d’architecture paramétrique. Tous les morceaux sont emboîtés les uns dans les autres (sans vis, ni clous!), ce qui permettra de démonter facilement la structure à la fin de l’événement.

 

Le Royaume-Uni

Wolfgang Buttress + BDP. / Photo: Marc-André Carignan

 

Véritable coup de cœur pour le Royaume-Uni, qui a troqué son pavillon national pour un grand jardin et une œuvre d’art géante. Le concept s’inspire du parcours quotidien de l’abeille, insecte se trouvant à la base de notre chaîne alimentaire avec la pollinisation. Le visiteur passe ainsi d’un jardin surélevé (donnant l’impression de voler à la hauteur du sol) jusqu’à une « ruche » métallique surélevée. Il s’agit là d’un superbe mélange d’art et d’ingénierie britannique.

 

***

 

Après les fleurs, les pots! D’autres pays ont été très décevants par leur manque d’originalité, et parfois même par leur esthétisme douteux. Voici donc mes trois coups de gueule de l’Expo pour terminer cet article:

 

La Suisse

Netwerch Architektur / Photo: Marc-André Carignan

 

Pour avoir discuté avec des touristes en provenance de la Suisse, je ne suis visiblement pas le seul à être déçu par ce pavillon national. Il s’agit, en fait, de la structure la plus terne et la plus ennuyeuse de l’Expo, qui ne sert qu’à distribuer des produits locaux… comme du Nescafé en sachet! Et que dire de la pauvre réflexion sur la thématique de l’évènement, soit les défis alimentaires de demain pour ce petit pays européen? On s’est contenté de plaquer des phrases creuses un peu partout à l’intérieur du bâtiment. Par exemple: « Your water is my water ». Triste.

 

La Colombie

Photo: Marc-André Carignan

 

Ce pavillon sort définitivement du lot, mais pas nécessairement pour les bonnes raisons! Les images qui tapissent l’enveloppe de la structure rappelle vaguement un complexe de vacanciers tout inclus bas gamme, avec des palmiers qui n’ont visiblement pas apprécié être transplantés à Milan. Le design intérieur est heureusement plus raffiné, mais le pavillon n’est rien de plus qu’une grosse agence de voyage.

 

L’Oman

Photo: Marc-André Carignan

Oufff… Ai-je vraiment besoin de me justifier avec ce pauvre pastiche du Moyen-Orient avec ses fausses pierres? Une image vaut mille mots.