Actualité janvier 2022

Expérience chute du Parc de la Chute-Montmorency par Daoust Lestage Lizotte Stecker

Maxime Brouillet (sauf exception)

Pourquoi avoir sélectionné ce projet à titre de vitrine pour Kollectif ?

En attendant l’inauguration du belvédère et de la passerelle flottante semi-submergée, nous sommes tombés sous le charme de ce nouveau pavillon d’accueil, ainsi que de la passerelle contemplative entièrement rénovée (et agrandie!) qui longe le Chemin de fer Charlevoix.

D’un côté, la délicatesse architecturale et structurale du pavillon d’accueil est grandement appréciée. Son aménagement invite à flâner, tout en se laissant charmer par le point de vue offert. De l’autre, l’élargissement de la passerelle existante permet désormais une bonification de l’expérience visuelle, sensorielle et auditive générée par la Chute Montmorency. Encore là, l’apparence minimaliste des installations permet de mettre la nature en avant-scène, tout en traduisant une belle maîtrise des détails de construction.

L’utilisation du bois rappelle l’héritage industriel du secteur, alors que l’ajout du pin jaune fait écho à l’aménagement en amont du fleuve, soit la phase 1 de la promenade Samuel-de-Champlain, également conçue par Daoust Lestage Lizotte Stecker.

Dans le contexte pandémique actuel, cet aménagement favorisant l’émerveillement, l’appréciation et le contact avec la nature est le bienvenu!


Description du projet :

Le Parc de la Chute-Montmorency présente un intérêt pour ses valeurs paysagères et est remarquable grâce à sa chute d’une hauteur de 83m qui attire chaque année plus de 800 000 visiteurs.

Intervenir dans un site aussi emblématique, vaste et imposant, demande respect et humilité afin que l’expérience de l’utilisateur soit entièrement dédiée à la contemplation et à l’expérimentation de la chute. Les nouveaux aménagements réalisés dans le cadre du projet de l’Expérience Chute se veulent un faire-valoir qui met en valeur les beautés naturelles du secteur.

Le génie du lieu

L’approche préconisée dans le cadre de ce projet de requalification de l’ensemble du pied de la chute vise à créer une intervention qui répond au programme défini par la Sépaq, tout en s’inscrivant harmonieusement et avec sens dans le milieu d’insertion. L’analyse polyphasique de l’évolution historique du site a alimenté le processus de conception. Le projet, autant par son caractère d’ensemble qu’au niveau de la résolution spécifique des différentes composantes, cherche à affirmer sa personnalité propre en résonnance au génie du lieu.

La vision d’ensemble véhiculée par le projet se veut ancrée à ce site d’une grande richesse historique tout en assumant sa distinction avec le haut de la falaise. Le plateau supérieur de la chute est encore aujourd’hui associé à la notion de villégiature d’un des grands domaines anglais qui surplombaient le Saint-Laurent au 19e siècle par la présence du Manoir Montmorency. L’évolution historique du pied de la chute est quant à elle représentative des strates d’urbanisation propres aux berges de Québec. Passant d’un site naturel où le fleuve Saint-Laurent venait toucher le pied de la falaise, nommé à l’époque le Bas-du-Sault, il fut modifié peu à peu par des interventions humaines visant à exploiter son potentiel militaire, énergétique et industriel, ainsi que par le passage de la voie ferrée et d’une autoroute sur d’importants remblais.

Le pied de la chute est riche en histoire et les vestiges témoins de certaines époques composent la mémoire matérielle et immatérielle à partir de laquelle les nouveaux aménagements trouvent un sens au plan de l’évocation.

Maxime Brouillet (sauf exception)

Photo historique courtoisie de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)

Des résolutions architecturales sensibles magnifiant le paysage

Le projet global se divise en deux sous-secteurs :

Le secteur d’accueil projeté au sud du Chemin de fer Charlevoix vise la requalification du parcours d’accueil, la reconfiguration et la végétalisation de l’aire de stationnement, l’aménagement de jardins thématiques, l’interprétation et la mise en valeur des vestiges industriels et l’aménagement d’un nouveau pavillon de services.

Le secteur de l’Expérience chute au nord de la voie ferrée, qui consolide un circuit accessible universellement, permet aux visiteurs de s’approcher de la chute et de boucler un parcours en 4 segments autour du bassin de la rivière :

  • La passerelle contemplative en aval du bassin (élargissement et requalification de la passerelle piétonne existante jouxtant le pont ferroviaire).
  • Le sentier minéral et son jardin sur la rive est du bassin (requalification et mise aux normes des sentiers et du belvédère en béton aménagés en 1967 ; gestes inspirés du mouvement moderne).
  • La passerelle semi-submergée en amont du bassin (aménagement d’une passerelle discrète au fil de l’eau se dissimulant dans le paysage et permettant de s’approcher de la chute et ressentir sa puissance hydraulique ; une véritable prouesse technique).
  • Le sentier nature et son pavillon d’accueil sur la rive ouest du bassin (aménagement sur pilotis s’intégrant délicatement au littorale).

Le plan d’ensemble indique les lignes directrices et représente la nouvelle feuille de route de la Sépaq afin de concrétiser sa vision ; cette vision inclut architecture, paysage, programmation, interprétation et intégration. Une vision qui reflète les valeurs actuelles et collectives dans une résolution contemporaine.

Pavillon d’accueil

Le pavillon d’accueil qualifie le segment ouest du parcours autour du bassin Montmorency et marque le point d’entrée à l’Expérience chute. Implanté sur un terrain en pente douce vers le bassin, le nouveau pavillon est aménagé en respect avec le milieu sensible que représente le littoral de la rivière et sa flore.

Aménagé en lieu et place d’un poste électrique désaffecté, le pavillon s’offre comme point de repère et de convergence aux visiteurs. Exprimant une troisième dimension dans le paysage de villégiature, sa structure en acier minimaliste, dépourvue de contreventement vertical par l’habile intégration de cadres rigides, met en scène un porte-à-faux s’étirant vers l’eau, soulignant l’horizontalité de la construction et cadrant des vues sur le paysage. Les détails d’assemblage de cette structure ont été étudiés finement pour dissimuler à la fois les contraintes structurales et de drainage de la toiture.

Le complexe d’étanchéité de la toiture est contenu dans l’épaisseur de la structure et est revêtu d’un parement de bois blanchi ; texture référant au revêtement du manoir qui caractérise le domaine historique du plateau haut de la chute. La toiture se veut un plan unique et continu ; la pergola du porte-à-faux permet de dessiner au sol un jeu d’ombre et de lumière qui évolue selon les heures et les saisons.

Les trottoirs de bois du sentier nature se juxtaposent au pavillon ; ils sont aménagés sur pilotis pour minimiser leurs emprises sur l’environnement. Le laminage et la tectonique des sentiers de bois s’inspirent à la fois des iconographies d’amoncèlement de billots issus de la drave s’accumulant au pied de la chute, mais également des empilements qui caractérisaient le paysage des moulins à scie au siècle dernier.

La forêt, environnante au pavillon et ses sentiers, est consolidée par la plantation d’arbres et d’arbuste indigènes. Le pavillon d’accueil agit comme une halte permettant aux visiteurs une pause à l’ombre, mais surtout comme une enluminure magnifiant de nouvelles perspectives sur la chute.

Passerelle contemplative

La passerelle contemplative est une section de l’Expérience chute qui, comme l’ensemble du projet, se veut en résonnance au génie du lieu. L’élargissement et la requalification de la passerelle existante qui juxtaposait le pont ferroviaire au-dessus de la rivière sont en réponse à une problématique programmatique. Pendant la saison estivale, de nombreux groupes de touristes visitent le site et n’ont que quelques minutes pour apprécier le spectacle de la nature ; la passerelle piétonne originale d’une largeur de 2m offrait un point de vue privilégié sur la chute et était utilisée comme un lieu d’observation par plusieurs visiteurs créant un engorgement à la circulation des piétons qui traversent la rivière. L’élargissement de la passerelle à 5.5m en paliers offre aux marcheurs un déambulatoire dans sa partie supérieure, alors qu’un espace belvédère, en contrebas, permet aux visiteurs de s’arrêter, s’assoir et contempler la chute.

La forme et le traitement architectural de la nouvelle passerelle s’inspirent directement de l’esprit du lieu en plus de répondre habilement à de nombreuses contraintes structurales. La forme cherche à créer un dialogue entre nature et architecture ; l’horizontalité souligne et magnifie la verticalité de la chute et des falaises. La passerelle cherche à évoquer auprès du promeneur les caractéristiques dominantes de l’iconographie du site ; soit le paysage industriel des moulins à scie du 19e siècle. Elle en évoque le caractère et la mémoire dans une expression sobre et contemporaine. Le bois comme parement ainsi que le laminage géométrique sont inspirés des empilements de bois et de la drave qui ont caractérisé le paysage passé. Le côté presque qu’immatériel d’un garde-corps en verre trempé ultra-clair et son sabot dissimulé donne tout son sens à la notion de contemplation.

Pour plus d’information à propos du projet…


Fiche technique du projet :

  • Titre officiel du projet : Expérience chute — Parc de la Chute-Montmorency
  • Localisation : Ville de Québec, Québec
  • Client : Société des établissement de plein air du Québec (Sépaq)
  • Architecte : Daoust Lestage Lizotte Stecker
  • Ingénieur en électricité et structure : Tetra Tech
  • Ingénieur en civil et environnement : Cima+
  • Entrepreneur général : Construction Deric
  • Date de fin de projet : Été 2021 (pavillon d’accueil et passerelle contemplative)
  • Crédit photo : Maxime Brouillet (à l’exception de la photo historique, courtoisie de la BAnQ)
  • Source : v2com-newswire.com

Description de la firme :

L’agence Daoust Lestage Lizotte Stecker oeuvre dans le domaine du design urbain et de l’architecture depuis 1988 et offre en aménagement un champ d’expertise multidisciplinaire couvrant à la fois la planification d’ensemble, le design urbain, l’architecture de paysage, l’architecture, l’architecture intérieure, le design industriel et de mobilier.

Pour chacun des projets, la démarche s’appuie sur une lecture attentive du lieu et valorise la réalisation de projets qui, tout en s’inspirant des archétypes éprouvés, sont caractérisés par la simplicité et la sobriété et présentent une facture résolument contemporaine. Récipiendaire de nombreux prix et mentions, l’agence Daoust Lestage Lizotte Stecker a réalisé plusieurs projets illustrant cette préoccupation associée à la création d’environnements significatifs et de qualité tant à l’échelle urbaine qu’architecturale.

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