Actualité 02.12.2017

ÉDITORIAL [Jacques White] | « Rêvons nos rivières » : à la recherche d’une valeur d’ensemble

Catalogue des Concours Canadiens

Perspective du projet lauréat de Cadaster (États-Unis) du concours international d’idées : “Rêvons nos rivières” | Courtoisie du Catalogue des Concours Canadiens

Extrait de l’éditorial de Jacques White, publié le 26 novembre 2017 :

“Au Québec, les concours sont pour la plupart abordés comme un mode d’adjudication de contrats publics à des professionnels du design (pris dans un sens large), avec pour principal objectif de réaliser un projet déjà assez bien défini sur un site prédéterminé. Ils s’accompagnent de documents types qui reproduisent, d’un concours à l’autre, des conditions similaires de conception, de présentation et d’évaluation des propositions, lesquelles prennent souvent la forme d’esquisses avancées ou même de dossiers préliminaires étonnamment élaborés. D’une part, un programme fonctionnel et technique (PFT) établit à l’avance les attentes détaillées – et parfois les solutions – du donneur d’ouvrage à l’égard du projet à réaliser, dans le sillage de modélisations qui ont servi à valider en amont les besoins et les budgets. D’autre part, un règlement pré-formaté (repris d’un modèle du MCC, du MAMOT ou de la Ville de Montréal) regroupe les informations qui ont trait au processus du concours, mettant à l’avant-plan des exigences contractuelles de plus en plus prégnantes, conséquence directe de l’assimilation des concours à un mode alternatif d’adjudication de contrats publics.

Dans ce portrait plutôt constant qui trace, à force de répétition, les contours d’une pratique quasi-officielle des concours à l’échelle québécoise, la Ville de Québec a décidé d’emprunter une autre voie, remontant à l’essence même des pratiques internationales, mettant à l’avant-plan non pas les processus, mais la recherche de créativité, d’ingéniosité et d’innovation que les concours sont sensés encourager. Avec le concours international d’idées « Rêvons nos rivières », les responsables de l’aménagement de la Ville ont imaginé, élaboré, défendu et mis en œuvre un concours différent, qui ne visait d’aucune manière la réalisation d’un concept désigné gagnant ni aucune commande à son terme, mais qui sollicitait plutôt un large éventail de visions pour enrichir une réflexion plus globale sur l’avenir des quatre rivières qui sillonnent son très vaste territoire. Le concours devient ainsi un « concours sur le programme », où les propositions ne sont pas considérées comme des réponses à des questions posées à l’avance, mais comme une occasion de poser différemment les mêmes questions ou d’en poser de nouvelles. Bien plus, ce n’est pas sur le projet gagnant que se porte l’attention, mais sur l’ensemble des propositions que le concours produit, comme autant d’opportunités créées, ce que le Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle de l’Université de Montréal valorise depuis sa création. D’ailleurs, un concours n’est-t-il pas d’abord destiné à générer des possibilités, plutôt que de simplement résoudre des problèmes ou de donner forme à un programme ? Suivant une telle approche, on retourne en quelque sorte à l’essence même de ce qu’est un concours, remontant à ses plus lointaines origines, mais dans un contexte on ne peut plus actuel.

Le concours « Rêvons nos rivières » en était un d’idées, ouvert (anonyme), pluridisciplinaire et d’envergure internationale, tenu en une seule étape. Il s’adressait aux « architectes paysagistes, designers urbains, architectes, urbanistes et autres professionnels du design de l’environnement, susceptibles de proposer des idées à la fois ambitieuses et réalistes qui sauront guider la transformation et la conservation des rivières de Québec, de leurs berges et des aires qui les bordent, naturelles ou urbanisées ». Le règlement du concours tenait sur à peine dix pages, une fraction du nombre habituel. On y retrouvait explicitement énoncées, d’entrée de jeu, les attentes de la Ville envers les concurrents. La motivation principale de la Ville à organiser ce concours était ainsi présentée : « La Ville de Québec considérera l’ensemble des propositions reçues, indépendamment des prix attribués, comme un bassin de pistes d’aménagement qui s’ajouteront aux idées existantes pour éventuellement créer un plan directeur d’aménagement des rivières sur le territoire de la ville. Ce plan directeur servira à son tour de référence pour la planification de tout projet public, privé ou public-privé aux abords des rivières. » Ainsi, c’est sur la valeur d’ensemble des propositions reçues en réponses aux questions posées par la Ville que reposait ce concours, l’attribution de prix ne servant en fait qu’à encourager la participation et à mettre en lumière, parmi toutes les idées reçues, celles qui mériteraient une attention particulière pour présenter le plus grand potentiel d’influencer l’avenir des rivières de Québec, tant en regard de leur appropriation citoyenne que de leur pérennité au plan environnemental.”

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Source : Jean-Pierre Chupin, Ph.D., architecte MOAQ | Professeur titulaire à l’École d’architecture de l’Université de Montréal | Directeur de la Chaire de recherche sur les concours et les pratiques contemporaines en architecture