Actualité 01.03.2013

ÉDITORIALISTE INVITÉ – Gabriel Mathieu – "L'audace architecturale"

L’audace architecturale

Il me vient souvent la question pourquoi? Pourquoi, une architecture si transparente, une architecture temporelle, une architecture conditionnée par des contraintes. Aurions-nous perdu l’audace architecturale à Montréal?

Montréal est une très belle ville, remplie de richesses culturelles, architecturales et de paysages prenants. Mais quand est-il de ses nouveaux projets? Quand je me promène dans les rues de Montréal, je n’ai pas le sentiment de me confronter à des visions différentes. J’ai le sentiment de l’espace connu, voire vécu. J’aimerais me questionner sur les espaces créés, mais au lieu je me questionne si nous avons perdu de l’ambition architecturale ? Sommes-nous pris dans un «cadre» de contraintes qui dicte l’architecture? Tous ces règlements que les villes imposent aux architectes, aux technologues et aux ingénieurs. Mais pourquoi? Ces listes de règlements ne sont pas audacieuses, elles dictent les idées vers un bâti qui s’assimile à son voisin.

Récemment, je faisais une présentation devant une classe de futurs ingénieurs civils à l’Université de Sherbrooke. J’avais un compte-rendu de recherche à faire devant celle-ci et nous parlions de la Place Ville Marie. Après avoir vanté celle-ci comme intemporelle, spectaculaire, innovatrice, j’ai conclu ma présentation que Montréal avait perdu cette audace de l’époque. Je disais à l’audience que la Place Ville-Marie était et demeure un symbole de la modernité. Lors de sa construction, les concepteurs avaient le désir que l’immeuble soit reconnu. Aujourd’hui, on remarque une perte de ce courage en architecture. On priorise les projets à faibles coûts et conçus pour un objectif précis. Les controverses dans le domaine de la construction n’aident en rien à toute cette problématique. La volonté des concepteurs est bien tangible, mais celle-ci demeure encadrée de contraintes. L’architecture répond à un programme bien précis avec des contraintes et des usages.

Les définitions classiques de l’architecture soutiennent qu’elle est « la mère de tous les arts ». L’art est fait pour durer, l’art n’a pas de prix, l’art n’a pas de contraintes mis à part l’imagination. Avec le contexte financier d’aujourd’hui, je crois que l’architecture n’a pas les moyens de ses ambitions esthétiques. Il devient de plus en plus difficile de faire des choix purement esthétiques.

Enfin, j’aimerais faire un clin d’œil particulier sur un grand homme qui nous a quitté dernièrement, Oscar Niemeyer. Le Congrès national du Brésil est l’une de ses œuvres principales et témoigne de l’apogée d’une audace architecturale qui est toujours aussi surprenante de nos jours. Le dynamisme architectural amène pourtant du dynamisme culturel et ainsi amène l’épanouissement de soi-même envers quelque chose.

Gabriel Mathieu,
Étudiant en Génie civil à l’Université de Sherbrooke
Associé chez G2 Gestion de projets

Je suis un étudiant en génie civil à l’Université de Sherbrooke. Juste avant de me diriger vers le génie j’ai fait une technique en architecture au Cégep de Saint-Laurent. L’été dernier j’ai fondé mon entreprise avec un collègue d’études en architecture. Tout au long de ma technique, j’ai fait mes stages dans un bureau de génie-conseil en sachant que c’est le génie qui m’intéressait le plus. Ceci étant dit, je suis d’avis que le génie est une symbiose avec l’architecture. Comprendre les besoins architecturaux d’un projet me pousse davantage à être à l’écoute comme ingénieur.”

(Photo: Congrès national du Brésil par Oscar Niemeyer. Crédit: Eurico Zimbres)

(*) Les propos mentionnés dans la section “éditoriale” de Kollectif n’engagent que son auteur.
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