Actualité 28.02.2020

Éditorial « Bulles et dessins pour la nouvelle bibliothèque L’Octogone de LaSalle » par Lucie Palombi

Catalogue des Concours Canadiens | Université de Montréal

DE GAUCHE À DROITE : Anne Carrier architecture, Labonté Marcil en consortium (Lauréat) | Atelier Big City, L’ŒUF | BGLA, Blouin Tardif architectes | EVOQ Architecture, Groupe A architectes

Extrait de l’éditorial : 

Agrandissement et rénovation de la bibliothèque l’Octogone
par Lucie Palombi, publié le 2020-02-26

Devenue troisième lieu, refuge paisible et ouverture sur le monde, la bibliothèque est emblématique de ces « architectures de la connaissance » au Québec commentées dans le beau livre édité par Jacques Plante en 2013 (1). La bibliothèque, comme le résume Lise Bissonnette en préface de l’ouvrage serait une idée, avant d’être un meuble ou un immeuble. Aussi vieille que l’écriture ou la lecture, cette idée est, selon l’auteur, de regrouper et de mettre en ordre de multiples savoirs transcrits afin qu’ils deviennent accessibles, au spécialiste comme au curieux, dans l’hospitalité et la lumière : « La bibliothèque d’aujourd’hui est forte – ajoute l’ancienne directrice fondatrice de la Grande Bibliothèque du Québec – si elle contredit la tourmente et l’agitation du monde (…) L’architecte en convient en lui offrant la lumière, venue de l’extérieur le jour, rayonnant de l’intérieur le soir, sous des hauteurs qui laissent flotter le calme de la réflexion » (2).

Anne Carrier architecture, Labonté Marcil en consortium (Lauréat)

Atelier Big City, L’ŒUF

BGLA, Blouin Tardif architectes

Annie Fafard photographe

En 2017, la Ville de Montréal a prévu la rénovation et l’agrandissement de la bibliothèque L’Octogone de l’arrondissement LaSalle. Déjà fréquenté par un tiers de la population du quartier, l’établissement créé en 1984 souhaitait se faire connaître à l’échelle de la ville. Cette rénovation allait de pair avec une modernisation des services et un renouvellement de l’offre des activités. Il s’agissait donc, en plus de remodeler les 2900 mètres carrés de la bibliothèque, d’ajouter 1600 mètres carrés de nouvelle construction. Quatre candidatures ont été retenues pour la deuxième phase du jury.

L’équipe BGLA inc / Blouin Tardif architectes inc n’a pas cherché à absorber l’octogone existant, mais à le recouvrir avec audace à la manière d’un carrousel qui décompose les teintes du spectre lumineux : “un volume tout en couleur s’affirme comme un véritable pavillon ludique et attractif au cœur du parc Félix-Leclerc” (texte de l’équipe). Le geste des architectes fera dire au jury que : “Le projet est élégant et possède en même temps un moment de folie du côté du parc” (rapport du jury). Si l’idée d’une lanterne est déjà présente dans la proposition du consortium – un volume noir et blanc sur deux étages, tantôt transparent, tantôt translucide -, elle tiendrait davantage de l’obstacle que du signal au regard des jurés : “La “lanterne proposée le long de l’avenue Dollard est perçue comme une armure austère et intimidante qui protège le bijou octogonal coloré et tourné vers le parc” (rapport du jury). Il s’agit d’un volume double qui a tendance à diviser l’équipe de travail en deux et à émousser l’esprit communautaire pourtant souhaité pour l’endroit. Cet élément architectural est un bémol du projet dans la mesure où il n’invite pas à la découverte des lieux selon les membres du comité. Ce dernier appelle à plus de fantaisie : “Une touche de folie supplémentaire de ce volume aurait pu contribuer davantage à l’invitation à entrer” (rapport du jury). En dépit d’un “trait noir” – “métaphore du texte et du dessin en noir et blanc qui guide le lecteur” (texte de l’équipe) – au sein du bâtiment, le jury considère que la bande dessinée n’est pas suffisamment à l’honneur : “La BD n’occupe pas une place de choix dans l’édifice et le parcours pour y accéder est plutôt directif au lieu de spontané ou intuitif” (rapport du jury) ; les jurés regrettent que “la rigueur conceptuelle s’impose au détriment de l’expérience client” (rapport du jury). Il y a donc là un problème de contrôle et de dualisme : “Les termes “imaginer, s’évader, rêver” tirés de l’énoncé semblent plutôt faire place au terme “contrôler” notamment en ce qui concerne le parcours à suivre” (rapport du jury). En dépit de l’élégance, de la simplicité organisationnelle de l’aménagement intérieur démontré et de sa qualité d’éclairage naturel remarquable, le projet de BGLA et Blouin ne sera pas retenu.”

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Source : Jean-Pierre Chupin, Ph.D. | Professeur titulaire | Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations de l’excellence | Université de Montréal