Actualité 25.10.2024

Billet scientifique “Concours d’architecture, promotion de l’excellence et critique de nos institutions : le rôle de l’IRAC à travers l’histoire”

Perspective de la proposition lauréate attribuée au consortium formé de Luca Fortin + Louise Arbour + Daoust Lestage Lizotte Stecker par le jury du concours.

Extrait du billet rédigé par le doctorant Samuel Dubois :

21 octobre 2024

Comment conjuguer la promotion de la qualité en architecture, la représentation des architectes canadiens et la critique d’un gouvernement fédéral, en particulier lorsque ce dernier infirme la décision d’un jury de concours au profit d’un vote du public ? Dans ce billet scientifique, nous examinons le rôle historique de l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC) face à l’ingérence politique dans l’attribution de contrats fédéraux pour des services d’architecture et, plus largement, nous nous interrogeons sur la capacité des architectes à critiquer les gouvernements et institutions démocratiques qui les représentent.

Un précédent billet signé par Jean-Pierre Chupin et Jacques White a déjà abordé la polémique entourant le résultat du concours d’architecture pour le Monument commémoratif de la mission du Canada en Afghanistan (1). Lancé en août 2019, ce concours est dorénavant entaché d’une controverse d’ingérence politique vivement critiquée par des parlementaires, des journalistes et des architectes à travers le pays. En effet, en juin 2023, Amy Meunier, sous-ministre adjointe à Anciens Combattants Canada, a envoyé un courriel laconique aux lauréats légitimes du concours dans lequel elle écrivait : « Malgré le fait que le jury a désigné votre concept comme le concept gagnant du concours, après mûre réflexion, le gouvernement du Canada a décidé de sélectionner le concept élaboré par [une autre équipe] et, par conséquent, d’octroyer le contrat à cette équipe » (2). En renversant la décision du jury d’experts représentant toutes les parties prenantes, le gouvernement fédéral a non seulement désavoué les règlements du concours, mais a également miné l’intégrité des processus et principes établis — ici comme ailleurs — en matière d’octroi de contrats par concours. Bien que déplorable, cette situation n’est toutefois pas sans précédent au Canada.

En comparaison avec d’autres précédents historiques, le cas du Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan à Ottawa n’a cependant pas bénéficié du même soutien de l’IRAC qui, dans les faits, ne s’est pas prononcé publiquement dès les premières manifestations publiques. À travers l’histoire, l’IRAC a pourtant déjà fait montre d’une capacité à défendre l’intégrité des processus architecturaux face à divers gouvernements fédéraux, notamment en dénonçant publiquement l’ingérence politique dans des décisions qui doivent normalement être prises par un jury ou un comité de pairs, et parfois même dans des cas d’appels d’offres publics sans concours. La promotion de l’architecture à l’échelle nationale interdirait-elle, par principe, de critiquer — voire condamner — des décisions politiques et gouvernementales ?

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Références : 

Source : Samuel Dubois