Biennale di Venezia – 19e Exposition Internationale d’Architecture | Comment une consultation citoyenne à l’Île Verte se retrouve en première mondiale en Italie
Extrait du communiqué de presse de l’Atelier Pierre Thibault :
« Un projet participatif exemplaire présenté à la 19e Exposition internationale d’architecture de La Biennale di Venezia, dont le commissaire est Carlo Ratti
Venezia, Italie, 08-05-2025 – Sur une île isolée du fleuve Saint-Laurent, d’étonnantes installations blanches, élancées, éphémères ont ravivé un pan méconnu du patrimoine vernaculaire québécois et permis d’envisager des nouveaux scénarios d’adaptation face aux changements climatiques. Avec l’appui de la cinquantaine d’habitants permanents de l’Île Verte, l’Atelier Pierre Thibault signe un projet architectural participatif qui réinterprète les boucaneries – les anciens fumoirs de poisson – en canevas créatifs pour imaginer de nouveaux usages permettant de renforcer l’autonomie de l’Île Verte, entre serres communautaires, ateliers d’artistes et lieux de rencontre. Fruit d’un dialogue étroit avec la population locale, ce travail de terrain réalisé pendant plusieurs mois en 2024 est présenté en première mondiale à la 19e édition de l’Exposition internationale d’architecture à la La Biennale di Venezia, dont le commissaire est Carlo Ratti, du 10 mai au 23 novembre 2025, soulignant la force d’un geste sensible et collectif en réponse à l’effritement du bâti traditionnel et aux défis climatiques majeurs pour les habitants qui résident à l’année en milieu insulaire isolé.
Vivre à l’Île Verte : entre enracinement et résilience, au rythme des marées et des saisons
Suivant la commande d’un projet de bibliothèque privée pour un duo féru d’édition et de littérature, les architectes de l’Atelier Pierre Thibault et les étudiants stagiaires de l’Université Laval de Pierre Thibault ont été appelés à côtoyer le territoire de l’Île Verte au fil de ses saisons. Située dans le fleuve Saint-Laurent, cette île de quatorze kilomètres de long se définit par ses plages rocheuses battues sans relâche par les vents du Nordet, par ses falaises surplombant le vaste horizon de l’estuaire et par une courtepointe de prairies pastorales et de forêts denses d’épinettes.
Marquées par une importante variation de sa population – les résidents permanents étant au nombre d’une cinquantaine seulement — ce territoire insulaire semble évoluer en marge du reste du territoire québécois, dans une bulle temporelle où les moyens et les besoins sont extrêmement spécifiques. En hiver, les glaces dans le Fleuve bloquent l’accès à l’île par traversier. Autrefois, un pont de glace permettait de relier l’île à la terre ferme. Mais avec le réchauffement climatique, les résidents doivent désormais transiter pendant cinq mois par hélicoptère pour aller sur la terre ferme, y faire leurs emplettes, voir leurs proches ou participer à des activités sociales. Tout comme les générations précédentes, la population de l’Île Verte doit ainsi trouver de nouvelles façons de s’adapter.
Les boucaneries : douze bâtiments singuliers
Au fil des visites sur Île Verte et des échanges avec les Verdoyants, douze bâtiments captivants furent (re)découverts. Appelés boucaneries, ces constructions vernaculaires inspirées des fumoirs ont été construites entre les années 1920 et 1980 de manière à ce qu’elles résistent aux conditions climatiques particulièrement rudes du territoire. Autrefois lié à la pêche à la fascine, le fumage du poisson était une activité économique et culturelle importante sur l’Île Verte. Prenant la forme de bâtiments sans fenêtre et aux proportions élancées verticalement, les boucaneries sont par la suite tombées en désuétude, les lois sur l’hygiène et le déclin de la pêche ne justifiant plus leur utilisation. Depuis, le vent, la neige et la pluie détériorent continuellement ces structures symboliques pour lesquelles aucun nouvel usage n’avait été trouvé.
[…]
Présenter notre projet à la Biennale Architettura 2025, l’exposition internationale d’architecture la plus réputée et fréquentée au monde, est un immense honneur pour notre équipe et une grande fierté pour le Québec. C’est aussi un hommage profond aux habitants de l’Île Verte, dont l’ingéniosité, la résilience et la solidarité incarnent parfaitement l’intelligence collective que l’architecture d’aujourd’hui se doit de reconnaître et de célébrer. Leur capacité à adapter leurs constructions au territoire et aux conditions changeantes et à identifier des idées pour assurer leur avenir nous inspire à repenser notre rôle d’architectes dans un monde en transformation. Dans le cadre de notre participation à l’exposition « Intelligens. Natural. Artificial. Collective. », nous affirmons que l'avenir de l'architecture repose sur une écoute attentive des milieux de vie, une profonde compréhension des savoirs locaux et une volonté d’innover de manière respectueuse et durable.
À propos de l’Atelier Pierre Thibault
Fondé par l’architecte Pierre Thibault, l’Atelier Pierre Thibault utilise le pouvoir unique de transformation des saisons pour créer des lieux captant avec acuité des moments singuliers : la lumière franche de l’hiver sur la neige, l’exubérance des couleurs de l’été indien, la douceur de l’été ou encore l’explosion printanière de la végétation. Composé d’un corpus distinctif allant de l’installation éphémère à des commandes d’envergure tels que l’Abbaye Val Notre-Dame à Saint-Jean-de-Matha et un musée pour la Fondation Giverny, l’Atelier a réalisé plus de 100 projets au Canada. Chacun d’eux est l’occasion de créer un dialogue particulier entre les paysages et les humains qui les habitent.
Basé dans la ville de Québec, l’Atelier Pierre Thibault rassemble une dizaine d’architectes au sein de son équipe. La qualité de ses projets a été soulignée à maintes reprises, au Québec comme à l’international. Récipiendaire de nombreux prix d’excellence en architecture par l’Ordre des architectes du Québec et de la médaille du gouverneur général, le travail de l’Atelier a également fait l’objet d’une publication de la revue française Architecture d’Aujourd’hui (2023). »
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