Actualité 26.10.2018

ÉDITORIAL [Mandana Bafghinia] | « Projection urbaine et angélique »

Catalogue des Concours Canadiens | Université de Montréal

Extrait de la planche de Ouellet + Laferrière, lauréat du concours | Courtoisie du Catalogue des Concours Canadiens de l’Université de Montréal

Extrait de l’éditorial de Mandana Bafghinia, publié le 24 octobre 2018 :

“Depuis quelques années, les nouvelles technologies de la représentation ont changé notre façon d’expérimenter la ville. Au lieu de créer une toile ou une sculpture pour générer l’illusion d’autres objets, plutôt que de peindre l’illusion de la lumière lorsqu’elle tombe à la surface des objets, la projection nous impose de regarder la lumière en soi. Dans l’art contemporain, la création d’illusions passe des supports traditionnels à celle d’un objet dont la lumière a été le premier vecteur, créant des ambiguïtés de perception. La question posée par ce concours d’idée est bien de savoir si ces nouvelles modalités de projection contribuent à augmenter voir à sublimer l’objet — en l’occurrence — de l’architecture ou au contraire, contribuent à l’affaiblir.

En 2013, dans la nouvelle vague de « Saint-Laurent en mouvement » programme de la ville de Montréal dans le cadre du plan action 2007-2017, l’arrondissement de Saint-Laurent lança un concours pour réaliser une projection vidéo sur la façade de l’église Saint-Laurent. L’accent était mis sur l’histoire et le patrimoine, particulièrement dans le vieux-Saint-Laurent, et de « promouvoir l’excellence en architecture et design » ainsi que la valeur esthétique culturelle et historique de Montréal à travers les nouveaux médias. Ouvert à toutes les disciplines, ce concours anonyme en deux étapes n’a cependant suscité que sept propositions. Le jury comprenait deux professionnels du design de l’environnement et de la direction artistique. Trois équipes finalistes furent invitées à transformer la façade de l’église Saint-Laurent : Ouellet + Laferrière, Favier + Noirbent, Dufresne + Proulx Bouffard + Gareau + LeMoyne. Au premier regard, la planche de Ouellet + Laferrière est une composition basée sur la notion de symétrie pour ajuster, semble-t-il, son concept à la forme originelle du bâtiment. La deuxième équipe celle de Favier + Noirbent s’est fondée sur la notion de collage et la troisième équipe sur celle de photographie. Un rapide examen du rapport révèle l’insatisfaction constante du jury jusqu’à la dernière étape. À la fin de son rapport, le jury préconise d’ailleurs l’aide d’un scénographe pour améliorer l’ensemble de la forme narrative. L’examen des propositions révèle pourtant des stratégies innovantes et différentes qui posent la question de la perception aujourd’hui.

Sur le plan architectural, à lire les commentaires du jury, ce sont Ouellet et Laferrière, deux diplômées en licence graphique de l’UQAM, qui ont réussi à montrer le plus de cohérence avec la façade de l’église. Pourtant, sur la planche de la présentation et la vidéo, le défilé visuel ne dessine pas l’aspect architectural de l’église. Sur le plan narratif, le propos s’appuie sur une évolution historique de la ville. Dans la description de leur projet, ce qui pourrait attirer l’attention à travers les mots techniques, ce sont les médias à travers lesquelles ces images sont présentées tels un kaléidoscope ou la technique « stop motion ». Ce qui a permis de distinguer l’équipe lauréate est bien le jeu de la typographie relatant le déroulement temporel, des années et des mots clés qui aident à la compréhension des images. Le fil conducteur ayant été jugé trop peu développé, après la présentation du projet, le nom d’« éclaireurs » a été changé en « historiscope » et beaucoup d’éléments et de formes ont été ajoutés aux idées initiales.”

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Source : Jean-Pierre Chupin, Ph.D., architecte MOAQ | Professeur titulaire à l’École d’architecture | Directeur de la Chaire de recherche sur les concours et les pratiques contemporaines en architecture | Université de Montréal