Actualité 30.09.2017

ÉDITORIAL [Mandana Bafghinia] | « Concevoir une abbaye contemporaine : le silence a la parole ! »

Catalogue des Concours Canadiens

Photo de la maquette du projet lauréat de Pierre Thibault | Courtoisie du Catalogue des Concours Canadiens.

Extrait de l’éditorial de Mandana Bafghinia, publié le 18 septembre 2017 :

“Alliance entre koinos bios (vie en commun) et monos bios (vie intérieure), telle est la vie d’un moine au cœur d’une abbaye. Le concours de l’abbaye cistercienne de Val-Notre Dame, expose les enjeux de cet idéal cistercien. S’agit-il de la nostalgie historique d’une forme close ou d’un manifeste contemporain, celui d’une forme ouverte sur la nature ?

Lancé par les moines de l’abbaye cistercienne d’Oka en 2004, le concours en deux étapes visait la construction d’une nouvelle abbaye à Saint-Jean-de-Matha dans la région de Lanaudière, située entre la rue Montagne coupée et la rivière Assomption. Depuis sa première construction en 1881, trois fois détruite par le feu, Notre-dame-du-lac abritait 178 moines. À l’aube du XXIe siècle, la communauté n’en compte plus qu’une trentaine et l’étalement urbain montréalais appelait une relocalisation.

Lors de la première étape du concours, 59 concurrents ont présenté des propositions. Composé d’architectes, d’historiens (architecture et géographie), d’une théologienne et de représentants de la communauté cistercienne d’Oka, le jury a retenu quatre équipes pour une seconde étape :

  • Pierre Thibault,
  • Manon Asselin architecte + Louis Brillant architecte,
  • Atelier BRAQ,
  • Naturehumaine/ Aedifica.

Deux mentions ont été attribuées aux équipes : MEDIUM + Anne Bordeleau, Croft Pelletier.

Les moines avaient défini un programme à travers trois défis, trois paramètres : une facture d’architecture contemporaine (conception et matériaux et l’acoustique) capable de respecter les principes traditionnels d’une abbaye, une alliance entre vie spirituelle et vie publique et enfin une contemplation extérieure/intérieure dans l’environnement.

Mentionnons toutefois que deux projets ont été jugés à l’unanimité, celui de Pierre Thibault et celui de Naturehumaine et qu’un vote à la majorité a finalement retenu le projet de Pierre Thibault comme laureat.

Si les règles du concours appelaient de nouvelles approches du patrimoine religieux, les réponses se sont étrangement rencontrées sur un élément similaire : l’image d’un carré, induisant l’idée d’une promenade principale autour d’un espace vide ou patio. Une analyse volumétrique des quatre projets fait apparaître deux catégories. La première se caractérise par un toit monolithique qui circule sur une surface, en gardant la simplicité d’un seul niveau géométrique. La deuxième catégorie consiste dans un jeu volumétrique de différents niveaux autour d’un carré central, ce qui donne un aspect plutôt muséal, terme relevé dans les commentaires du jury. C’est le cas par exemple du projet de l’atelier BRAQ. De son côté le projet de Manon Asselin et Louis Brillant semble se situer à la jonction des deux catégories relevant à la fois d’une approche monolithique et d’un jeu de niveaux. Chez Pierre Thibault, la solution proposée déploie sur un même niveau et un toit léger et flottant sur des pilotis qui séparent l’espace public, l’hôtellerie, l’église, la bibliothèque de l’espace monastique proprement dit. Quant à l’atelier Naturehumaine, il justifie la forme carrée par une citation de Saint Bernard : « Dieu est quadruple, Il est longueur, hauteur, largeur et profondeur ».”

Pour lire la suite de l’éditorial…

Pour consulter la fiche de ce concours…


Pour visiter le site internet du Catalogue des Concours Canadiens…

Source : Jean-Pierre Chupin, Ph.D., architecte MOAQ, professeur titulaire à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, directeur de la Chaire de recherche sur les concours et les pratiques contemporaines en architecture